L’année culturale 2012
L’hiver est froid, avril frais et très pluvieux, le cycle végétatif commence avec du retard et ne démarre franchement qu’avec la chaleur de mi-mai, à l’approche de la floraison. Celle-ci fut rapide et assez homogène sur les merlots la très belle semaine de fin mai. Puis les T° rebaissent début juin de 10 à 12°C faisant réapparaître le spectre de la coulure et du millerandage qui se confirme au fil des jours. Nous savons déjà que la récolte ne sera pas importante et que les écarts de floraison entraîneront des décalages de maturité l’approche de la récolte.
La vigne compense les deux années précédentes de sécheresse et pousse très vite grâce aux fortes pluies d’avril, occasionnant une forte vigueur et un surcroît de travail. Les conditions printanières favorables au développement du mildiou nous obligent à une vigilance sans faille.
En juillet alternent fraîcheur et grosses chaleurs (34 et 35 °C) qui brûlent des grappes. La température moyenne de juillet en Aquitaine est identique à celle de 2011 et 2008 et inférieure de 2°C à 2009 et 2010.
L’aoûtement commence bien début août où le manque d’eau commence à se faire sentir. La canicule s’installe du 12 au 24 août et la véraison des merlots se fait avec lenteur ; celle des cabernets est plus groupée. Nous couperons les grappes les plus vertes qui ne seront pas mûres lors de la récolte.
J’ai le sentiment que ce millésime sera sensible au botrytis car les feuilles sont encore bien vertes. 16 mm seulement de pluie sont tombés en août, soit 35% de la normale.
Les deux premières semaines de septembre, les raisins mûrissent lentement à cause de la sécheresse, et dans de bonnes conditions de température avec du beau temps. Les baies sont très saines.
Les T° se rafraîchissent à la mi sept et 50 mm de pluie tombent du 21 au 27, la pluie arrive souvent en fines gouttelettes et parfois en trombes. Les sols secs absorbent bien l’eau. A ce stade les peaux des raisins sont épaisses, fermes et résistantes.
Cet épisode va accélérer la maturation des raisins et nous savons qu’il faudra vendanger vite sans connaître encore la date. Les vignes se réactivent progressivement au fur et à mesure que l’eau descend vers les racines.
Début octobre les premiers signes de botrytis apparaissent sur des jeunes vignes, plus fragiles. La maturité phénolique n’est pas tout à fait à son apogée, les finales ont besoin de s’allonger encore. la météo annonce 24 heures de vent du sud dès vendredi avec de la chaleur : 27,28,24,27°C pour les quatre jours à venir. On se dit qu’on pourrait jouer cette carte et laisser passer le week-end. Je fixe le début des vendanges au lundi 08. Les jeux sont faits ! Nous espérons que le vent du sud séchera le botrytis. C’est raté ! Le vent du sud n’aura été qu’un pétard mouillé. Du
27 septembre au 12 octobre, nous n’aurons eu que quatre jours sans pluie ! De 0.2 à 3.8 mm/jour, l’humidité a été entretenue ; associée à une température maximum moyenne de 22°C, autant dire que l’ambiance était tropicale et les conditions idéales pour le développement du botrytis.
Les vendanges
Nous courrons alors après le botrytis toute la semaine des vendanges du 08 au 16 octobre.
L’étalement de la véraison puis de la maturité nous a sauvés de la catastrophe car le botrytis ne se développant que sur les baies dont la peau devient tendre, il a été progressif et nous a laissé le temps de vendanger.
Le vin
2012 est manifestement l’année du merlot, les grands cabernets nécessitant une belle arrière-saison. C’est bien pour nos vins de Saint-Emilion à forte dominante merlot (70% dans l’assemblage de Laroze). Le millésime n’est pas dominé par la puissance, il est de corpulence moyenne avec une belle fraîcheur aromatique, de l’éclat, de la suavité et une finale douce et longue. Il s’est révélé durant ses 15 mois d’élevage.
Weinzeintug –
Bouquet dense, groseilles, framboises sauvages, herbes, tabac délicat. Bonne densité, juteux, délicatement astringent, acidité élégante, mûres sauvages, fin nougat en finale, belle longueur.
Peter Moser/Falstaff –
Robe rouge Bordeaux intense, la brillance de la jeunesse. Nez : puissant arôme végétal, jeune et fougueux, nécessite encore du temps, bonne complexité avec des notes délicates de truffe noire, profusion de baies rouges, mais aussi de la poudre de cacao et de légères notes empyreumatiques. Bouche : étonnamment souple, il y a du fruit rouge croquant, il y a des notes épicées qui entrent en jeu, charpente moyenne, juteux, encore un peu sauvage, il doit encore trouver son équilibre. Avec son air variétal, il nous plaît déjà bien. Cependant, il doit encore mûrir un peu. 2018-2028.
Yves Beck –
Rouge rubis intense. Bouquet complexe, fruité et fin. Notes d’épices, mûre, réglisse et cacao. Attaque fruitée et suave, caractère équilibré. Le corps a de la densité et des tannins élégants qui rivalisent bien avec la structure. Finale fruitée, racée, garante d’une bonne évolution. 2017-2032. 89/100
James Suckling –
Laroze entre dans le Top 100 ! (seulement six Grands Crus Classés de St Emilion sont cités)
C’est vraiment très bien fait avec de la myrtille, de la minéralité et une note de chocolat noir. Corpulent, avec des tanins fermes et une finale longue et intense. Excellent pour le millésime.
Andrew Caillard –
Couleur profonde, arômes de cola, groseille, prune d’ente. Un boisé aux notes de cèdre domine le palais mais il y a une belle concentration de fruit et des tanins aux grains fins. En finale se développent la richesse des tanins et la présence en bouche.
Jean-Marc QUARIN –
Couleur pourpre, vive et belle. Nez fruité, frais, parfumé . Belle entrée en bouche finement tramée et le vin évolue juteux, savoureux, raffiné au toucher avec une bonne présence en milieu de bouche et des tanins fins dans la persistance. Bonne longueur fraîche et parfumée. C’est très bon ! Rendement vigne : 38 hl/ha. Gros effort de sélection pour le grand vin à 24 hl/ha.
Paolo Baracchino Magazine ONOS Italie –
Attaque captivante d’arômes de graphite, cassis, menthe, eucalyptus, peinture à l’huile,
cerise griotte un peu mûre, laurier, léger, poivre noir, prune, myrtille, mûre, la fine peau du marron bouilli, goudron mouillé, et en dernière impression effluves de réglisse.
La bouche est séduite par des notes de truffe noire, une plaisante sapidité et minéralité. Corps au-dessus de la moyenne. Bien équilibré, l’acidité domine l’équilibre gustatif grâce à des tanins doux, larges (6/6) à l’attaque veloutée pour ensuite donner une légère sensation de bouche sèche. Long en bouche avec finale de prune et mûre. Grand vin !
Wine Spectator –
Un style éclatant, sans ostentation, avec du Campari, de l’orange sanguine et des notes de cerise fraîche avec pour terminer une finale éclatante, fraîche, légèrement crayeuse.
Jean-Marc QUARIN –
Le merlot est le cépage le plus réussi. Il favorise la rive droite et certains crus bien connus de la rive gauche. Le cabernet franc est plus hétérogène. Tantôt pauvre, tantôt génial, il finit soit dans le second vin ou illumine le premier comme à Angelus, Laroze ou Canon La Gaffelière.