Pourquoi 2016 est-il un grand millésime à Laroze ?
Habituellement les fortes chaleurs d’été sont suivies d’orages qui apportent des arrosages plus ou moins fréquents. Les périodes du 14 juillet et du 15 août sont connues pour cela. Certaines années ne supportent pas la chaleur sans qu’un orage survienne.
Il n’en a rien été en 2016 ; et pourtant ! Les chaleurs ont parfois été très importantes et puis…rien. Nous voyions les nuages s’accumuler lentement dans le ciel en bourgeonnant jusque vers 4 heures de l’après-midi, puis, au lieu de continuer à grossir pour éclater en orages, ils diminuaient, se dégonflaient pour laisser la place à un ciel tout bleu vers 19 heures.
La raison est la baisse des températures en fin de journée, suivies de nuits toujours beaucoup plus fraîches que les journées avec des gradients de températures allant jusqu’à 14°C entre le jour et la nuit.
Cela explique la sécheresse estivale et le stress hydrique mais aussi la présence aromatique presque atypique de ce millésime ; les nuits plus fraîches ont préservé le potentiel aromatique des raisins pendant tout l’été.
Mr Benoît Decoster qui se passionne pour la météo cosmique a mis cela en relation avec la présence de Neptune dans notre ciel. Pourquoi pas.
La très forte luminosité estivale, nettement supérieure à la moyenne, a favorisé l’épaississement des pellicules des raisins. Donc plus de couleur, d’arômes et de tanins.
L’arrière-saison longue et belle, sans températures excessives, avec des nuits fraîches est un des secrets des grands Bordeaux. Elle a permis à la vigne de se remettre des chaleurs de l’été, de reprendre force après les 50 mm de pluies salvatrices de septembre et d’attendrir doucement les pellicules qui ont pu libérer des tanins devenus bien mûrs, des arômes à la fraîcheur préservée, une couleur profonde.
C’est la fin de maturation qui contribue à la longueur et l’élégance des vins, grâce à la bonne maturité des cabernets francs et sauvignons.
Les arômes de fruité, entre le fruit rouge et noir, sont très présents.
Avec cette fraîcheur aromatique on s’attend à un toucher de bouche qui pourrait être empreint d’une certaine force. Or il n’en est rien, le toucher de bouche est caressant, les tanins denses et veloutés, le vin est riche, aromatique, avec des tanins très élégants, précis. La finale renvoi cette intensité de fruit avec une belle longueur. C’est savoureux.
L’année culturale 2016
En trois mots
Une climatologie très contrastée, un millésime sauvé trois fois!
- Sauvé des eaux mi-juin (après les déluges du printemps).
- Sauvé de la sécheresse mi-septembre (après trois mois de sécheresse)
- Et sauvé tout court par la belle et longue arrière-saison qui a permis d’accéder à une maturité parfaite des trois cépages.
- Ouf ! On a eu chaud.
En résumé
Noyés sous les abondantes précipitations jusqu’au 20 juin, puis étouffés sous la canicule et la sécheresse jusqu’à mi-septembre avec un fort stress hydrique de mi-août à mi-septembre. 30 mm de pluie sont tombés le 13 sept. puis 23 les 30 sept et 1er oct. La sécheresse est passée. Pas de pression botrytis sauf quelques jours avant la fin de la récolte. La maturation des raisins a été lente et tardive; la récolte retardée mais récoltée à point avec une très belle arrière-saison propice à la qualité des merlots puis des cabernets francs. Le cycle végétatif s’est rallongé d’une semaine sur la fin de saison.
Plus en détails
Janvier
nous apporte plus du quart de la pluviométrie annuelle soit 260 mm de pluie, du jamais vu en ce qui me concerne.
Les températures extrêmement douces nous inquiètent pour la suite. Elle ne sont descendues que quatre fois au-dessous de zéro.
Février
Douceur et pluie abondante (123 mm). Les risques de gel puis de coulure s’installent avec le risque d’un débourrement et d’une floraison précoces.
Mars/Avril/1ère quinzaine de mai
Le débourrement est en avance d’une semaine. Les risques de gel, plus intenses le 02 mai nous ont épargné contrairement à beaucoup d’autres régions viticoles. Un temps frais s’installe et ralentit la pousse qui se recale gentiment sur des dates presque normales. La pluviométrie est encore élevée en mars (87 mm) et avril (97 mm).
La pousse lente réduit l’avance du cycle. La régularité de la sortie des rameaux est exceptionnelle. C’est un joli départ en végétation.
Mai/juin
Des orages menacent et éclatent ; ils ont fait de gros dégâts dans d’autres régions viticoles françaises.
Les fleurs éclosent le 5 juin et la semaine qui suit est favorable à une belle floraison avec des températures en hausse et du beau temps malgré 15 mm de pluie lundi 6 la nuit. La floraison est aussi très homogène ; Le mois de mai est normalement arrosé. Le temps change à partir du 18 juin, les pluies cessent et la chaleur s’installe en quelques jours avec des passages à plus de 30 degrés. Il était temps car nous avons déjà reçu plus d’eau (> 700 mm) que dans toute l’année 2015 qui était sèche (611 mm).dépassé!
31 juillet
Pas de pluie depuis le 20 juin, soit cinq semaines sans pluie (seulement 2,5 mm en juillet. Les vieilles vignes sont bien vertes et poussent encore. La charge est belle et régulière sur les cabernets et irrégulière sur merlots avec un peu d’éclaircissage à faire. Les raisins ont bien gonflé et on sent qu’il y a encore des réserves hydriques dans les sols pour les vignes dont les systèmes racinaires sont bien implantés. La véraison devrait se faire sans problèmes.
Août
La première quinzaine d’août ne nous donne que 6,5 mm d’eau le 04. Les nuits sont fraîches et suivies de belles journées qui deviennent très chaudes et > 35°C autour du 15.
La véraison se déroule normalement, de façon très régulière et homogène. En même temps la vigne arrête sa croissance, c’est bon signe.
Mais 20 mm de pluie ferait du bien pour finir la véraison rapidement et permettre aux grains de grossir par la suite.
Les vendanges s’annoncent pour la fin de septembre. Le millésime n’est donc pas précoce à priori.
Le vendredi 19 nous recevons 6,5 mm de pluie, ce qui nous fera 13 mm en deux mois à la place des 110 de moyenne, soit environ 10%. Malheureusement la canicule n’est pas finie et les températures annoncées pour demain le 23 sont de 37 degrés. Sécheresse plus canicule.
La fin de véraison est ralentie pour les cabernets francs, cela traîne en longueur.
Septembre
La canicule et la sécheresse persistent jusqu’au 13 septembre ; ce soir-là un orage nous gratifie de 20 mm de précipitations pas trop violentes avec peu de ravinement ; que du bonheur ! Plus 10 mm le lendemain. Souhaitons que la vigne n’ait pas trop souffert pour se relancer suffisamment et finir de mûrir ses raisins jusqu’au bout.
La météo prévoit pour la suite un vent de secteur nord avec des températures nettement plus fraîches ; c’est parfait, les raisins grossiront moins vite (moins de risques d’éclatement) et le botrytis sera retenu ; la récolte est encore loin au vu de la maturité phénolique des raisins.
22 septembre : Le tour des parcelles et la dégustation des raisins attestent que les vignes se sont remises en route après la pluie. Il n’y a pas de caractère végétal et le potentiel qualitatif est important. Les peaux perdent de la fermeté qui a été la conséquence de la sécheresse. La météo est belle et tous les espoirs sont permis ; les Cabernet Francs et les Cabernets Sauvignons ont un gros potentiel qualitatif.
Octobre
03 octobre : Cette deuxième vague de pluie de 23 mm tombée dans la nuit du 30 sept va permettre à la vigne d’affiner les tanins, d’allonger les finales et d’attendrir les pellicules. Il faudra encore quelques jours. Il n’y a pas de pression de Botrytis et nous sommes sereins. Cela fait quand même 53 mm de pluie en 15 jours. Il ne faut plus d’eau maintenant. Les températures sont plus fraîches à partir du 4 et vont le rester toute la durée des vendanges avec un flux de nord et des maximales allant de 17 à
21° ! La maturité évolue lentement jusqu’au bout et on commence à récolter les merlots le vendredi 7 puis on reprend du lundi 10 au jeudi 13. Ils sont à point. Je fait une coupure jusqu’au lundi 17 et nous ramassons les Cabernet francs et sauvignon jusqu’au 19.
Décidément nous aurons été gâtés jusqu’au bout !
Les vinifications n’auront jamais été aussi longues avec des durées de cuvaison de 30 à 38 jours ; Les écoulages se termineront le 25 novembre au lieu de début novembre habituellement.
Vinum –
Arômes prometteurs, encore très discrets; attaque d’une bonne densité, tanins élégants, grande tension, juteux et long ; la très grande classe et le meilleur vin jamais goûté ici. Doit mûrir!
Vinous/Antonio Galloni –
Le Laroze 2016 est généreux, juteux et facile à boire. Fruits rouges très mûrs, espresso, moka, cuir neuf et épices douces se mêlent dans ce Saint-Emilion nuancé. L’élevage a donné au 2016 un niveau de finesse qui n’était pas présent en primeur. Bien que pas particulièrement complexe, le 2016 est absolument délicieux. Dégusté deux fois.
Yves Beck –
67% Merlot, 30% Cabernet Franc, 8% Cabernet Sauvignon
Rouge grenat aux reflets violets. Bouquet élégant, complexe qui allie idéalement des notes épicées, fruitées et florales. Attaque friande et fruitée. Au palais le vin a de l’ampleur, du caractère et est parfaitement soutenu par ses tannins. Ces derniers sont fins, puissants et offrent un bel avenir à Laroze. La structure assure bien les arrières et confère du jus, de la race et soutien l’expression aromatique. Un vin qui brille par sa délicatesse mais aussi par sa précision et son caractère.2023/2038.
Decanter/Jane Anson –
Il y a beaucoup à aimer ici. Un fruité charnu, riche en texture et doté d’une sensation d’élévation, est parfaitement maîtrisé du début à la fin. On sent le fruit mûr, le milieu de bouche est juteux et donne le sens de la perspective. On note des touches d’épices, de poivre blanc avec une belle longueur en finale.
Le Figaro Vin –
Dégustation de la rédaction du Figaro Vin : Nez de fruits rouges très frais, notes florales, boîte à cigare. Bouche séveuse, gourmande, tannins ronds et crémeux, finale longue.
JM Quarin –
Le meilleur jamais fait avec le 2010 ! Couleur noire et pourpre. Nez intense, fruité, frais. Moelleux à l’attaque, juteux en milieu de bouche, fondant, aromatique, le vin monte et s’achève puissant en seconde partie du palais. Très belle longueur à la tannicité présente, mais enrobée.
Jancis Robinson –
Couleur pourpre, dense et sombre. Nez frais, aromatique, influencé par le cabernet franc. Encore très frais en bouche, voluptueux. Vraiment très excitant. 2024-2036
Kris Kissack (Wine Doctor) –
Château Laroze 2016: Cet échantillon de barrique a un nez de poussière de craie et de cassis fumé. La bouche a une sensation plus souple, crémeuse et pourtant délicate que j’attendais compte tenu de la direction du nez, montrant ici un caractère assez large et riche, un lit assez moelleux de tanins mûrs, doux et même un toucher moelleux, le fruits enroulés autour. Il y a de jolies notes de prune rouge et de vanille, même si c’est le tanin adhérent qui vient contrôler le palais dans le temps. La finale est certainement toute la structure avant le fruit. Un style moderne et très structuré. 15-16 / 20 • 90- 92/100
Christophe –
Château Laroze 2016: Cet échantillon de barrique a un nez de poussière de craie et de cassis fumé. La bouche a une sensation plus souple, crémeuse et pourtant délicate que j’attendais compte tenu de la direction du nez, montrant ici un caractère assez large et riche, un lit assez moelleux de tanins mûrs, doux et même un toucher moelleux, le fruits enroulés autour. Il y a de jolies notes de prune rouge et de vanille, même si c’est le tanin adhérent qui vient contrôler le palais dans le temps. La finale est certainement toute la structure avant le fruit. Un style moderne et très structuré. 15-16 / 20 • 90- 92/100
RVF (Revue des Vins de France) –
Très belle réussite pour ce cru de pied de côte où les cabernets sont bien présents (40%). Le fruit exprime déjà des parfums racés, mélangeant fleurs et humus. Beaucoup de grâce, de mesure, de sérieux et de délié. Bonheur précoce en perspective!
Decanter –
Les fruits de la cerise noire et de la framboise donnent une belle attaque, mais le chocolat noir est déposé si épais en milieu de bouche que vous pouvez le couper de part en part. Les tanins ne sont pas amers car le millésime essaie vraiment de vous retenir de l’excès, mais cela est très excitant. Bien fait.
A.Galloni/Vinous –
Le Laroze 2016 est un vin audacieux qui offre beaucoup d’immédiateté. De succulents fruits rouges foncés, du chocolat, des épices, du nouveau cuir et de la réglisse donnent au 2016 beaucoup de sa personnalité somptueuse. Les lecteurs doivent s’attendre à un style concentré et extrait. Dégusté deux fois.
Vinum –
Style fruité et floral particulier, de la transparence,de l’ampleur et de la fraîcheur, finale juteuse; le meilleur vin jamais produit ici. Le 17 est à portée de main.
The Wine Cellar Insider Jeff Leve –
Mi-corsé avec des fruits rouges doux, sucrés et ardents et des notes de réglisse et d’épices, Cela devrait bien se déguster jeune.
Bettane-Dessauve (EnMagnum) –
Belle sève, onctuosité, longueur harmonieuse, du nerf, fin.
Le Figaro.fr vin Frédéric Durand-Bazin –
Nez de fruits rouges très frais, notes florales, boîte à cigare. Bouche séveuse, gourmande, tannins ronds et crémeux, finale longue.
Dr. Ulrich Sautter/Falsfatt –
Dégusté presque à l’identique deux fois. Au Grand Cercle: cassis fraîchement fruité, point de maturation bien atteint, quelques pastilles de violette. La moelle des aînés. Airelle macérée. Prélude juteux, fruit de gibier légèrement sucré, tanin friable à dose moyenne, ne dépassant pas le crémeux, style harmonieusement accessible avec une bonne minéralité, mais seulement un potentiel aromatique moyen. Entièrement confirmé par la seconde dégustation à Villemaurine.
Vertdevin.com –
Le nez est fruité, frais, relativement gourmand et offre une bonne maturité. On y retrouve des notes de mûre écrasée, de cassis frais/mur et de fines notes de petits fruits associées à des pointes de boisé cacaoté ainsi qu’à une très discrète pointe de réglisse. La bouche est fruitée, juteuse, fraiche, minérale et offre un bon équilibre, une jolie trame acide, une belle tension ainsi que du gras et de la suavité. En bouche ce vin exprime des notes de mûre fraiche/mure, de framboise et de fines notes de petites baies associées à une discrète pointe de cassis frais ainsi qu’à une pointe de réglisse et à de fines touches de chocolat noir. Les tannins sont bien menés. Bonne longueur et persistance. Présence d’une pointe de poivre de Timut sur la persistance.